Comme on le subodorait le président Mamadi Doumbouya a été élu dès le premier tour du suffrage présidentiel , avec un peu plus de 86% des voix. Un résultat flatteur au vu de son ampleur, mais qui interroge les observateurs en raison des péripéties qui ont émaillé l’avant élection et de l’ostracisme dont a été victime une partie de la classe politique,ce qui augure une « cassure » politico-sociale dans les années à venir.
Sur le premier point, le coup d’état avorté de la veille du scrutin a réveillé les vieux démons qui hantent la Guinée depuis la mort du père de l’indépendance, Ahmed Sékou Touré. De pronunciamentos en « parenthèses » démocratiques le paysage politique guinéen est caractérisé par la violence et de scrutins prétendument libres et démocratiques et qui visent à légitimer un candidat déjà coopté par la haute hiérarchie militaire et certaines légitimités coutumières du pays.
Alpha Condé a bénéficié de ces « arrangements » pré électoraux au détriment de Cellou Dalein Diallo ce qui a « empoisonné » ses mandats. Avec le désir d’éternité qui l’habitait, la coupe était pleine et la « machine » destructrice s’est mise en route sur fond de revendications « ethnicistes. » Et, c’est là le deuxième point caractérisant la fragilité du système politique du pays. Une fragilité provoquée et entretenue par l’ancienne puissance coloniale pour « punir » Sékou Touré de son « audace » et de son discours souverainiste avant l’heure.Complot peul , »irredendisme » forestier etc … autant de crises suscitées pour diviser le peuple guinéen et le maintenir ainsi sous coupe réglée.
Mais le plus grand problème auquel le pouvoir guinéen sera confronté, réside dans la gestion des immenses ressources naturelles du pays que certains disent être « bradées par l’actuel. L’exploitation des immenses ressources de bauxite de Simandou est au centre de tous les fantasmes avec le contrat léonin que le pouvoir a signé avec des multinationales qui se sont taillé la part du lion, laissant la portion congrue à l’état guinéen .
Quand on sait que les régimes qui se sont succédés à la tête du pays, on veillés scrupuleusement à une gestion équitable de ses ressources au point de les laisser inexploitées en partie,on imagine la colère sociale que ces contrats ont entraîné. On n’ira pas jusqu’à faire le parallèle avec le coup d’état avorté, mais le moins qu’on puisse dire c’est que la situation politique est très volatile en Guinée.
Doumbouya qui le sait,va t’il tenté d’apaiser les tensions par le biais d’une ouverture politique au-delà de son camp en faisant appel à l’opposition dite « réelle » ? On attend de voir la composition de son premier gouvernement pour opiner là-dessus.
Autre sujet à propos duquel le président guinéen sera très attendu c’est l’option que son pays prendra dans la « guerre » ouverte entre certains caciques de la CEDEAO et les pays de l’AES. Porte d’entrée et de sortie maritime naturelle du Mali et par ricochet des pays du Sahel central,la Guinée a plus à gagner dans une franche coopération avec ceux-ci. On a vu comment le jusqu’au boutisme de Patrice Talon vis-à-vis du Niger a coûté très cher au secteur du transport béninois ainsi que de pans entiers de l’économie.
Une des raisons qui explique entre autres, la récente tentative de déstabilisation intervenue au Bénin dont les motivations étaient purement nationales tenant à la paupérisation des populations à la base et la volonté de biaiser le jeu démocratique.
Pour en revenir à la Guinée, Doumbouya est attendu sur tous ces dossiers brûlants,et , de sa capacité à les gérer dans le sens du patriotisme et de l’histoire dépendra la trace qu’il laissera dans la mémoire collective des guinéens.
Nayouma Yé
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